Les cloches ont, dit-on, déserté le clocher et entrepris leur traditionnel pèlerinage pascal à Rome. Prenant le relais des absentes, les garçons sillonnent les rues du village avec leurs crécelles. Ils interrompent un instant le crépitement de leurs engins, crient en chœur « C’est l’Angélus ! C’est l’Angélus ! » puis reprennent leur cheminement dans le fracas des grosses crécelles à manivelle des uns, des légères crécelles à main des autres. Trois fois par jour, matin, midi et soir le Vendredi et le Samedi saints. J’étais un peu jaloux, j’aurais aimé les accompagner dans leur escapade, mais je n’avais pas de crécelle ! Et, surtout, mes parents n’auraient pas toléré que, le samedi soir, j’aille, avec mes camarades de classe, quémander dans les maisons du village des oeufs durs ou quelques piécettes de monnaie ! Mais dès le jour de Pâques j’oubliai tout ! J’enfilai un costume neuf et mon premier pantalon long !