L'âne Dits de l'âne doré

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Equidés

Alternant trot et galop le pur sang fait ses exercices de maintien en bonne forme physique et finalement s'arrête en soufflant à côté d'un massif cheval de trait somnolent, immobile, à l'ombre d'un grand chêne.

- Je me présente, dit le fringant pur sang. Je suis un excellent galopeur, un champion du trot attelé. J'ai très souvent été le premier à franchir la ligne d'arrivée avec mon sulky. Je suis la forme la plus évoluée des périssodactyles, du genre « equus », de la noblesse des équidés. Et toi, qui es tu ?

- Je ne suis qu'un cheval de trait, répond l'autre en ouvrant un oeil. Un percheron. On m'a dit que mes ancêtres ont promené des rois en carrosse, mais moi je ne tire que la charrue, des charrettes de foin et des chariots de légumes. Ma mère m'a dit que je suis de la famille « caballus », de la race chevaline, mais je n'en sais pas davantage.

Survient un âne. Il s'approche du pur sang et le salue.

- Bonjour mon cousin !

- Fi ! Je n'ai rien à faire avec une bourrique.

- Un âne. Il est vrai que je ne suis qu'un âne. On parle pourtant souvent de moi et j'ai mon heure de gloire le dimanche des Rameaux. Et même si j'ai très peu retenu de ce qu'on m'a enseigné à l'école, je sais que, comme toi, je fais partie de la famille des équidés.

- Fi ! dit le pur sang en détournant la tête, tu n'es pourtant qu'une bourrique.

L'âne retrousse alors ses babines, découvre ses grandes dents jaunes, rit d'un tonitruant braiement moqueur, se retourne et s'en va en trottinant.