Regards
Lieux
Carcassonne
Dans la cité de Carcassonne, grouillante, cosmopolite, polyglotte, quelques voitures se frayent un passage comme au temps jadis les carrosses bousculaient la populace. Le ciel est lourd de nuages qui tardent à crever. Le salon de thé, meublé rustique, est idéalement frais pour siroter nos jus de fruits. Nous y sommes seuls et papotons avec la propriétaire qui tient en outre, de l'autre côté de la rue, un petit magasin (souvenirs, cartes postales, guides...). Bientôt sa voisine nous rejoint (pension de famille, prix modiques...). J'ai ainsi appris que les Français sont riches et aisés. Ils n'ont pas à se plaindre. Même les ouvriers ont tous leur voiture. Nous les voyons bien ici à Carcassonne, ceux du Nord, de Paris, de toute la France. Et ils achètent, ils ont les moyens. Et ça nous donne beaucoup de travail, et notre repos hebdomadaire dans notre maison à la campagne nous est indispensable, et c'est comme les étrangers, et patati et patata...
Je ne veux pas vous décevoir, madame, mais j'eusse aimé que vous bussiez avec nous, tout à l'heure, le café noir que nous servit dans ses plus belles tasses une vieille octogénaire édentée et pieds nus sur le sol de terre battue de sa vieille ferme isolée dans la campagne audoise. C'était si pauvre que c'en était sale. Pauvre bien que français, à deux pas de chez vous.
Pauvre de moi, je n'ai pas osé vous décevoir, madame. Pourquoi donc me suis-je tu ? Moi qui suis si bavard.